Les chiffres de la transat
Distance : Saint-Martin (Marigot Bay) - Açores (Faial - Horta) : 2456 milles nautiques (soit environ 4500 km)
Durée : 22 jours (départ : mercredi 6 juin - arrivée : jeudi 28 juin 2018)
Vitesse moyenne : 4,65 nœuds (environ 110 MN par jour)
Mercredi 13 juin : Le vent souffle du sud, amenant des grains, on navigue donc sous GV arrisée et génois roulé. La mode change à bord : on enfile de plus en plus souvent les cirés par dessus les maillots…
Mais on est encore dans la chaleur tropicale, et il nous reste des ananas et des bananes. Le soir, on empanne pour tenter de capter la queue d'une petite dépression plus au nord et avoir enfin un vent portant et plus régulier.
En fait, on passe la nuit du 13 au 14 à esquiver les grains et les orages (merci le radar) jusqu'à 6H du matin, où l'on croise un cargo le "Valparaiso Express" qui s'évanouit très vite, direction La Colombie. On est tous fatigués et Alice est de nouveau malade.
Jeudi 14 juin : Le vent souffle à nouveau gentiment du SSE. Un paille-en-queue vient nous saluer entre deux nuages.
Puis le ciel redevient bleu et on peut à nouveau barrer sous le soleil, prendre des douches et cuisiner.
Le capitaine en profite pour délivrer aux équipiers éblouis les secrets de fabrication des pancakes (pour ceux que ça intéresse : 3 verres de farine, 2 verres d'eau, 1 verre de lait avec 1 sachet de levure). On instaure des quarts de pancakes, car il faut bien remplacer le pain jusqu'aux Açores. Le wrap au kiri devient un must à bord.
A 15H, on envoie Magic Sail pour faire grimper la moyenne…
Le retour du soleil permet également de renouveler le style vestimentaire du capitaine qui adopte le look post-biblique avec sa "toge de timonier". Le mousse n'est pas en reste avec son foulard assorti.
Vendredi 15 juin : Après une nuit pénible à zigzaguer entre les orages qui font la ronde autour du Ruzé,on franchit le 1000e mille ! Et le 30e degré nord ! Joie ! On est quasiment à la moitié du chemin, toujours par vent de sud et orages à gogo…
Au coucher du soleil, merveille : nos premiers dauphins, ils sont énormes avec le ventre et les lèvres blanc-rosé… Ils nagent à l'étrave mais sans faire de bonds hors de l'eau. Après vérification dans le Delachaud, on peut dire que nous avons croisé des sténo-rostres, c'est une coche (égale une bière à l'arrivée aux Açores).
Samedi 16 juin : vent de SSW, vent arrière sous génois seul toute la nuit, au cap sur la route directe, mais on slalome toujours entre les grains. On bat notre record de milles par jour : 124 MN dont 120 efficaces !
En ce 10e jour de traversée, on est à mi-chemin de Flores (Açores) à 18h et juste avant le quart de nuit, on pêche un magnifique thon jaune de 10 kg ! A part Tom, tout le monde a déjà dîné, mais on s'empresse de cuisiner la bête car nous n'avons toujours pas de frigo à bord… Le lendemain, on se régalera d'un délicieux thon basquaise, miam-miam !
Dimanche 17 juin : On change de rythme avec un vent de sud établi à 20 nœuds et presque un noeud de courant favorable qui nous pousse droit vers le but. Pluie et soleil alterne, la mer commence à se creuser et Le Ruzé galope enfin à 6 nœuds, sous GV 2 ris, puis 3 ris, avec trois tours dans le génois. Résultat : on explose notre record de mille : 137 en une journée !
Nuit du 17 au 18 juin : grain avec rafales à 40 nœuds à 4 h du matin ! Le mousse jaillit de sa couchette en pleine nuit pour prendre la barre dans la piaule tandis que le capitaine se précipite pour rouler le génois en urgence. On eu chaud !
Lundi 18 juin : houle et grains à 35 nœuds. La manille qui relie la bôme au rail de grand-voile explose dans une survente ! Et celles qui peuvent la remplacer sont trop grosses pour rentrer dans les trous… Ni une ni deux, le cap'tain sort la Makita pour assouvir son péché mignon : percer des trous entre deux grains !
Le pont est balayé par les vagues nous offrant leur lot de poissons volants et de calamars, on fait les quarts à deux pour pouvoir gérer les grains. Le soir, on croise un cargo qui vogue vers Philadelphie USA. Mais on a fait 150 milles vers le but, de quoi consoler tout le monde de la fatigue et du mauvais temps.
Mardi 19 juin : au petit matin, tout le monde est épuisé par la journée d'hier. On empanne à 10H30. Fin de la route directe, on essaie de tirer un long bord de grand largue vers le nord, mais la houle nous contrecarre un peu. Toujours sous GV 3 ris et génois roulé au max. Personne n'a le courage de faire des photos… ou presque. Le soleil se couche comme il s'est levé sous une épaisse couche de nuages.
Mercredi 20 juin : Au petit matin, on réussit à contourner un énorme grand grain de 15 milles par trois !!!! Deuxième bonne nouvelle de la journée, on reçoit la visite d'une bande de dauphins tachetés qui agrémente une journée grise où Le Ruzé se traîne à 3,5 nœuds sous une épaisse couche de stratus.
Le soleil des Antilles semble loin, sauf sous la forme du dernier ananas, absolument délicieux au milieu de la grisaille.
Sans oublier les pancakes, qui récoltent un franc succès lors de cette journée pourrie… Dis, c'est encore loin, les Açores ?