Les chiffres de la transat
Distance : Saint-Martin (Marigot Bay) - Açores (Faial - Horta) : 2456 milles nautiques (soit environ 4500 km)
Durée : 22 jours (départ : mercredi 6 juin - arrivée : jeudi 28 juin 2018)
Vitesse moyenne : 4,65 nœuds (environ 110 MN par jour)
Mercredi 6 juin : on range le mouillage à 7h du matin, avant la grosse chaleur, et on lève l'ancre à 7h30 heure locale (11h30 heure UTC) pour le grand voyage sous un ciel nuageux qui assombrit l'eau habituellement turquoise du lagon de Marigot Bay. L'alizé est léger, 3 beaufort, donc on hisse gentiment la grand-voile et le génois pour dire adieu aux Antilles.
Un dernier salut aux eaux transparentes du lagon…
…et c'est parti pour plus de 2000 milles à travers l'Atlantique !
Mais bien sûr il faut encore faire quelques réglages pour que Sir Mortimer daigne barrer…
Ce qui permet au cap'tain de se livrer à ses acrobaties favorites en équilibre sur la plateforme arrière.
Mortimer finit par barrer pendant le long de bord de près entre Anguilla et Saint-Martin, mais la gîte rend Alice malade, son petit déjeuner ne passe pas, encore moins la salade de thon du midi… Mais charitablement, personne n'a pris de photo du seau ! La nuit sera agitée : Alice est trop malade pour pouvoir assurer son quart et en se penchant pour vomir, elle déclenche la balise de son gilet ! Dans la foulée, la pale du régulateur saute, on en est donc quitte pour barrer à trois…
Jeudi 7 juin : Le jour se lève sur un équipage un peu fatigué, mais l'alizé reste cool et le capitaine répare la pale de Mortimer qui accepte de barrer au près, ce qui permet à l'équipage de se livrer à son activité favorite : le sudoku !
Et pendant ce temps, Le Ruzé a avalé 130 milles, on avance bien, on est contents !
Vendredi 8 juin : grosse chaleur, l'alizé forcit un peu, jusqu'à 5 beaufort. On prend un ris dans la grand-voile, trois tours au génois, et on avance à 6 nœuds. Le temps est idéal pour prendre des douches… Alice, qui allait mieux la veille au soir, est à nouveau malade. Le Mercalm tarde à faire son effet… Heureusement, Mortimer continue de barrer sans se fatiguer.
Les sargasses qui nous accompagnent depuis les Antilles commencent à se faire plus rares… Du coup, on commence à envisager sérieusement de mettre un poulpe à l'eau…
Samedi 9 juin : la journée est marquée par la première prise de la transat : Tom pêche sa toute première dorade coryphène…
Ce qui réjouit Alice à peine sortie de son mal de mer… En dépit de l'inévitable effusion de sang…
Après les remerciements d'usage en hommage au sacrifice de la bête, on passe aux choses sérieuses : la cuisine !
Dimanche 10 juin : nuit calme, premier cargo "Azzura", à destination de Dakar, croisé à 3 milles du Ruzé. Un banc de bonites commence à se former autour du bateau, suivi en surface par des dizaines de puffins. Nous ne le savons pas encore, mais ils nous suivront jusqu'à notre arrivée aux Açores !!!
Le vent passe de l'est au sud-est en faiblissant, on décide d'étrenner notre beau gennaker gris et rouge aux couleurs du Ruzé… Et hop ! on gagne un noeud… Du coup, on barre, mais c'est magique !
Deuxième bonne nouvelle de la journée, Tom pêche une coryphène encore plus belle que la précédente ! Mais comment qu'on fait pour découper la bête ? Pas évident la première fois, même avec la super lame de Tonton Pierre-Yves, grâces lui soient rendues !
On reprend la barre, sereins, rassurés par la bonne régalade à venir…
…jusqu'au coucher du soleil (à 23 heures UTC !) car on range notre gennaker pour la nuit, on va moins vite, mais on dort plus tranquille…
Lundi 11 juin : les jours se suivent et ne ressemblent pas, ce lundi débute sous le signe des galères, d'abord un courant défavorable qui nous met un noeud dans la vue, puis le vent qui tombe à moins de 7 noeuds ! Pour la première fois, nous passons en dessous de la barre des 100 MN par jour… Côté vie à bord, on s'aperçoit que la réserve de pain prévue pour la transat a complètement moisi, et merde ! Il nous reste un pain et demi pour les prochaines semaines : il va falloir déclencher l'opération pancakes !
Heureusement, il fait grand bleu, on se tartine de crème solaire en admirant le vol de NOS puffins, maintenant quasi apprivoisés…
Nuit du 11 au 12 juin : dans la nuit, on affale le gennaker et on démarre le moteur… Résultat : sans vent et dans la houle, Le Ruzé bidibulle comme un fou et de l'eau stagnant dans les tréfonds du bateau ravage notre provision de biscuits… On passe deux heures à sortir les biscuits imprégnés d'un mélange nauséabond, à en sauver quelques-uns, et en jeter les trois quarts par dessus bord. L'odeur est horrible ! Et pour couronner le tout, des grains nous trempent comme des soupes pendant toute l'opération. Inutile de vous dire que l'heure n'était pas au reportage photos, mais avec le recul, c'est dommage de n'avoir pas d'images de nos tronches déconfites !
Mardi 12 juin : On a parcouru 600 MN et on atteint le 28e degré de latitude nord. On a donc parcouru dix degrés de latitude en bientôt sept jours (Saint-Martin se trouve à 18 degrés nord). C'est la fin du régime d'alizés et on commence à craindre le manque de vent pour la suite. Le skipper a choisi une stratégie un peu "touchy" en tentant d'esquiver la pétole entre deux bulles d'anticyclone… Grâce à Magic Sail, notre gennaker, nous réussissons à conserver notre vitesse à 5 nœuds, hélas toujours entravée par un courant défavorable… La nuit, elle, se passe de nouveau au moteur. On s'inquiète quand même un peu : aurons-nous assez de gasoil si le vent tombe en dessous des 8 nœuds, auquel cas Magic Sail lui-même ne pourra pas nous sauver ?
Commentaires
Grâce au poulpe disco de compète, miam miam les dorades.. pas très efficace contre le mal de mer mais délicieux !