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Traversée Canaries-Cap-Vert : l’appel du sud

785 milles (La Restinga-El Hierro/Palmeira-Ile de Sal)

Temps : 6 jours et 7 heures

Vitesse moyenne : 5,2 nœuds

En ce lundi 19 décembre, Le Ruzé quitte l’Europe pour l’Afrique. Destination l’archipel du Cap-Vert, à 500 km au large de Dakar, en plein Atlantique. Pour le bateau comme pour l’équipage, c’est la première grande navigation hauturière. C’est parti pour une semaine de « descente » vers le sud, jusqu’en dessous du 17e parallèle. Avec, à l’arrivée, un mouillage à Sal pour Noël dans nos bottes de marin.

 

 

1er jour : On regarde s’éloigner les côtes sud d’El Hierro porté par un petit vent de nord-est qui ne dépasse pas les 3 Beaufort. Temps de demoiselle donc pour le Gros Ruzé qui glisse sans se presser au large des côtes marocaines.

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Pour l’équipage, c’est le moment de vérité : est-ce que le régulateur d’allure va enfin marcher ? A Hierro, le cap’tain a effectué les dernières modifs qui devraient assurer son bon fonctionnement, mais comme nous ne l’avons pas testé, il y a del’inquiétude dans l’air. 12H30, on met en marche le bestiau et victoire ! il se met à barrer. On guette le cœur battant la faiblesse soudaine, l’empannage imprévu… mais non, il suit le vent au bon cap sans montrer le moindre signe de fatigue. Le soir, on est rassurés : bienvenue à Mortimer, notre 4e équipier !

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2e jour : Après une nuit claire et calme (vive la lune !), toujours drivé par Mortimer, Le Ruzé parvient à naviguer à la voile jusqu’au petit matin, mais soudain le vent s’affaiblit et on doit se résoudre à faire appel à M. Yanmar… Heureusement, ça s’arrange vers midi, le vent revient, la houle aussi qui malmène les estomacs et empêche le capitaine et le mousse de trouver le sommeil. On est jaloux d’Erwan dont on découvre l’incommensurable faculté à écraser en toute circonstance ! Quant au capitaine, c’est sa journée : il réussit à identifier dans la houle deux baleines à bec, des Zyphius de Cuvier, cétacés furtifs difficiles à spotter. Et hop, une coche ! Et une Dorada à l’arrivée à Sal !

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Entre-temps, on a mis la ligne à l’eau et, chouette, on pêche une belle bonite, que l’on déguste en filet avec du soja et du gingembre le lendemain midi. Elle est pas belle, la vie ?

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 3e jour : Mortimer barre toujours, infailliblement, et du coup l’équipage s’installe tranquillement dans ses quarts, on peut même bouquiner! A l’aube, on croise un gros bateau de pêche à moins d’un mille du Ruzé qui chalute au large des côtes sahariennes. C’est le premier navire en vue depuis 72 heures. Il n’y a pas que lui qui pêche… Vers 17h, soudain, la ligne se tend tandis qu’au bout du leurre un puissant poisson donne de furieux coups de nageoire. Joie ! C’est une dorade coryphène, l’un des plus beaux et des meilleurs poissons tropicaux. On sort le couteau de tonton Pierre-Yves pour s’en couper de belles tranches… Demain midi, nouveau festin en perspective !

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4e jour : Le temps vif et bleu laisse présager une belle journée. Des dauphins viennent faire la fête autour du Ruzé dans la matinée et grâce à la bible des cétacés, le capitaine les identifie comme relevant de l’espèce « tachetés de l’Atlantique ». L’un d’eux, sans doute un petit rigolo, vient s’amuser à donner des coups de bec dans la pale du régulateur d’allure… C’est amusant, mais faudrait quand même pas qu’il agace trop Mortimer ! Peu de temps après, on croise une tortue, puis des dauphins tachetés pantropicaux. Ce déjeuner du 22 décembre restera comme le meilleur souvenir culinaire de la croisière : on déguste les filets de la coryphène poêlés avec du soja et du gingembre, riz et avocats en accompagnement, suivie d’une mangue délicieuse achetée au marché de Santa Cruz. Miam miam !

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Côté navigation, on teste pour la première fois notre téléphone satellite, cadeau de Noël des parents du skipper au Ruzé (mille mercis, Eliane et Jean-Claude !). Tout marche nickel, on peut télécharger les fichiers météo en mer, parfois la technique, c’est magique ! Heureusement, car des orages s’annoncent au large des Canaries et nous slalomerons entre les grains sous un ciel zebre d’éclairs pendant toute la nuit… Un peu flippant quand même.

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 5e jour : Les orages sont derrière nous, ouf ! On franchit le 20e parallèle, l’air devient plus lourd, plus moite… Le Ruzé navigue désormais au large des côtes mauritaniennes et croise des pétroliers qui « remontent » vers l’Europe. Le capitaine et l’équipier profitent de l’humeur imperturbable de Mortimer pour spotter les oiseaux : les Océanites tempêtes de l’Atlantique nord ont laissé place aux Océanites frégates et à ceux de Castro (rien à voir avec la mort de Fidel l’automne dernier). Au coucher du soleil, Erwan aperçoit un drôle d’oiseau vert et jaune qui vole… comme un pingouin ! Après de multiples supputations fantaisistes – perroquet venu du Sénégal entre autres – le mystère s’éclaircit à la vue d’autres « oiseaux » bizarres : ce sont des poissons volants ! Désormais, on va les ramasser à la pelle sur le pont chaque matin.

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6e jour : la nuit a été chaude, lourde, moite… Impossible de s’asseoir dans le cockpit sans tremper nos fonds de culotte. Tout poisse : les cheveux, les bouts, les planchers du bateau… Puis le vent se lève et Le Ruzé se met à bondir sur une houle bien creuse… Comme il y a de l’action, Erwan s’empare de la barre. Ca pousse pas mal avec des pointes à 10,2 nœuds dans les surfs ! C’est ça qu’ils veulent les jeunes ! A l’intérieur du bateau, impossible de dormir entre la vitesse et la houle, on commencerait presque à être un peu malade…

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7e jour : En ce matin de Noël, le pont est sec, il fait chaud. Le ciel devient gris et on ne sait plus si le disque pâle qui glisse sous la brume épaisse est le soleil ou bien la lune… L’harmattan, le vent du désert, vient se mêler à l’alizé. Une poussière de sable rouge recouvre entièrement le bateau, teintant les voiles de rose, s’infiltrant partout, dans les cheveux, le nez, les oreilles… L’archipel du Cap-Vert est désormais tout proche, mais l’horizon est devenu invisible.A midi, on s’échange nos cadeaux de Noël sous un soleil gris.Le Ruzé glisse vers l’île de Sal, à quelques milles derrière Volantis, un voilier parti en même temps que nous de La Restinga… que nous ne voyons qu’au radar ! Il est 16h quand nous distinguons un cône dans la brume : nous sommes à 2 milles de la côte et hormis cette ombre, nous ne voyons absolument rien, si ce n’est parfois une frange blanche sur l’horizon : ce sont les brisants qui ceinturent l’île !

 

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DSC08952.JPGA 17h, on entre en serrant les fesses dans le port-mouillage de Palmeira, noyé dans le brouillard et encombré de bateaux à l’ancre. Va falloir jouer serrer pour se trouver une place ! D’autant plus que les fonds ne sont pas cartographiés et que le tuyau du pipe-line traîne dans le coin… Une annexe rouge se dirige vers nous. C’est les copains deDremmwel qui viennent nous souhaiter un joyeux Noël en agitant des guirlandes. C’est sympa, mais faut manœuvrer. On jette l’ancre une première fois et crac l’ancre se retrouve bloquée par une roche (ou un morceau de pipe-line). Après plusieurs manœuvres rocambolesques on se dégage et on finit par jeter la pioche en bordure du chenal, toujours dans une brume opaque. Mais à terre, c’est Noël, et une heure plus tard, les échos de la fête capverdienne nous font presque danser sur le pont. Pas longtemps, car après avoir ouvert la bouteille de vin et la boîte de manchons confits, on s’écroule sur nos couchettes et, mouillage fiable ou pas, tout le monde écrase. Nous n’entendrons même pas le cargo venu accoster en pleine nuit le long du brise-lames.

 

 

 

 

Commentaires

  • nan, j'ai pas de commentaires, c'est juste pour dire à Réné qu'il aille directement chez zezette, parce que comme on a paumé les clés du camion, on va être emmerdés pour livrer l'armoire...

  • Il tient dans la main, il tient dans la main !!

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