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Houle ma poule !

Madère-Tenerife : 279 MN

C’est salué par les quelques équipages prenant leur café dans le cockpit que Le Ruzé quitte la ravissante marina de Quinta do Lorde au petit matin, direction Tenerife aux îles Canaries. Cette fois, pas d’alizé portant, mais un vent soutenu (18-25 nœuds) qui souffle de l’est par le travers. C’est donc une traversée rapide (le bateau adore le vent de travers) mais musclée qui nous attend.

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Traversée Madère-Tenerife : 279 MN

 A peine sorti du port, Le Ruzé se met à galoper comme un fou, se souciant comme d’une guigne de son équipage malmené par les ruades d’une houle particulièrement mal rangée.

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Nous filons à 6 nœuds en longeant les îles Désertes à quelques milles de Madère. Classées réserve naturelle, elles abritent de nombreuses espèces d’oiseaux, ainsi que quelques dizaines de phoques-moines, descendants rescapés de ceux qui peuplaient abondamment l’archipel de Madère autrefois et exterminés par les premiers colons.

A la barre, on se fait les abdos en admirant le vol athlétique des puffins cendrés au large des îlots (mais aussi, bien plus rares, le Puffin semblable et le Pétrel gongon).

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Ilhas Desertas découpées.JPGEvelyne Traversée.JPG

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A l’intérieur du Ruzé, on est secoués comme dans un shaker et côté bande-son, ce sont les Tambours du Bronx revisité par Kraftwerk, à chaque vague traîtresse. Car pour la première fois, nous voyons se former des vagues pyramidales, pas hautes mais retorses, qui s’effondrent avec un boucan d’enfer contre la coque. Grâce à une pleine lune éblouissante, la nuit est aussi claire que le jour et si le fracas de cette p… de houle croisée n’était pas si percutant, la navigation nocturne serait idyllique. Enfin pour ceux qui sont de quart… Les autres, ballotés comme des sacs à patate dans leur couchette, comprennent pourquoi dans l’ancienne marine on avait sagement opté pour le hamac. Le Ruzé, lui, s’en fiche et file à 5-6 nœuds, sous deux ris trinquette, puis trois ris-trinquette, ses robes de soirée spécial traversée. A mi-chemin, entre Madère et les Canaries, ce sont les îles Sauvages (Ilhas Selvagem) qui se profilent loin sur l’horizon. Cédés au Portugal par l’Espagne en 1938, pendant la Guerre Civile, ces îlots perdus font toujours l’objet d’un litige entre les deux pays, le gouvernement espagnol actuel contestant cette cession. A tel point qu’en 2013, le président portugais s’est résolu à passer une nuit dans la maisonnette sous le phare pour prouver à son voisin ibérique que les îles Sauvages font bien partie de l’archipel madérien !

Tenerife petit jour.JPGTroisième et dernière nuit de navigation : les Canaries ne sont plus qu’à quelques dizaines de milles. Le skipper est de quart, en train de regarder la carto sur l’ordinateur de bord, quand soudain une vague énorme frappe violemment Le Ruzé par l’arrière, le faisant virer de bord. Une cascade d’eau salée passe par dessus la casquette. Réveillées par le choc, l’équipière et le mousse ont bondi dans le cockpit. Mais à part l’eau qui ruisselle, tout est calme, le voilier est tranquillement à la cape, attendant que l’on pousse la barre dans l’autre sens pour reprendre sa route. Le phare de Tenerife se met à clignoter, un paquebot illuminé comme un arbre de Noël passe devant Le Ruzé et le jour se lève, nuageux, sur les sommets du nord de l’île. Il est à peine 9h du matin. Ca y est, on est aux Canaries, au sud du 30e parallèle ! Il ne reste plus qu’à mettre le cap sur le port Santa Cruz pour un repos bien mérité.

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Quinta do Lorde (Madère) -Santa Cruz de Tenerife (Tenerife) : 379 MN

Temps : 50 heures

Moyenne : 5,6 noeuds

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