Sainte-Lucie, c'est fini…

 Le mousse se faisait une joie de faire découvrir le mouillage des Deux Pitons, emblèmes de Ste-Lucie, au Capitaine et à Erwan, lors de notre ultime étape avant la Martinique. Mais  à peine Le Ruzé avait-il pointé son étrave dans la baie de Soufrière, deuxième ville de l’île nichée au pied de Petit Piton, que les choses se sont un peu gâtées…

 

Au loin, immobile, une barque qui bientôt fonce vers nous à pleine blinde. Dedans, deux lascars qui nous harcèlent pour nous emmener sur « leur » bouée, alors que nous souhaitons prendre une de celles du Parc Marin gérés par les rangers. S’ensuit alors un dialogue de sourds : eux veulent à tout prix (c'est le cas de le dire !) nous conduire à leur mouillage, nous restons sur notre position. De mauvaise grâce, ils finissent par nous indiquer où se trouvent les bouées du parc naturel mais tiennent absolument à nous « amarrer » sur le coffre, moyennant finances évidemment. On cède un peu, pas beaucoup… Ils ne sont pas contents.

Ils tentent ensuite de nous vendre le tour du volcan, les bains de boue de la Soufrière, etc, etc. Cela sur un ton menaçant qui nous dissuade totalement de faire appel à leurs services. D’autant plus que nous sommes crevés après notre nuit en mer et qu’il est hors de question d’aller crapahuter en ville – et encore moins sur les pentes du volcan – le jour même. Là, ils ne sont vraiment pas contents, mais alors pas contents du tout…

Malheureusement pour nous, la bouée du parc marin est mouillée juste en face du quartier des pêcheurs où ils habitent. De plus notre annexe dépourvue de moteur ne nous permet pas d’aller au ponton en ville où débarquent les autres plaisanciers. Nous devons ramer jusqu’au rivage le plus proche, c’est à dire la plage des pêcheurs, et la laisser sur la grève devant les maisons pour regagner Soufrière à pied.

Mais l’incident de la matinée a fait le tour du Landerneau et très vite nous sentons que nous ne sommes pas les bienvenus. La vieille roue de secours qui traînait sur la grève et à laquelle nous amarrions notre annexe est bientôt « enlevée », certains jeunes passent avec leur speed-boat au ras du Ruzé pleins gaz pour bien nous signifier que nous ne sommes pas les bienvenus… Nous devions rester 48 heures et justement aller nous balader sur les pentes du volcan.

Le jour prévu pour la balade, il s’est mis à pleuvoir et l’attitude des gens étant de plus en plus hostiles, nous n’avons pas insisté et nous avons mis les voiles. Soufrière, qui est pourtant une ville charmante, ce sera pour une autre fois. Le mousse, lui, avait un peu le blues car Ste-Lucie est une île chère à son cœur où il a passé de bons moments il y a quelques années. Notamment à Anse-la-Raye pendant le Festival des Sens en 2007 qui réunissait artistes saint-luciens et martiniquais dans une ambiance chaleureuse.

Le Ruzé s’est donc résigné à rejoindre Rodney Bay, tout au nord, bon abri pour la navigation mais « parc à riches » désolant, bordés de Resorts défendus par des grillages, voire des barbelés et toute une armée de vigiles. Il était temps pour nous d’aller retrouver les amis en Martinique et d'oublier ce rendez-vous manqué…