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Livres de bord

Soyons francs, il n'y a rien de plus emmerdant que les récits maritimes en général, ceux des "voileux" battant tous les records d'ennui. A quelques exceptions près. Gérard Janichon, l'auteur de "Damien, 55 000 milles de défis aux océans" en est une. 




Superbement écrit, son récit relate l'aventure de deux jeunes gens partis en 1969 à la découverte des "latitudes solitaires" (Patagonie, Géorgie du Sud, Kerguelen, Antarticque) sur un petit voilier (10 mètres).  Pour ma part, les plus belles pages ne concernent pas les étendues glacées peuplées de manchots, mais la remontée de l'Amazone. A la croisée de "Tristes Tropiques" et de "Au coeur des ténèbres", la navigation sur le gigantesque fleuve vire au chemin initiatique. C'est la rencontre avec les caboclos, paysans-pêcheurs du bassin amazonien, métis de Portugais et d'Indiens, autant que celle d'avec la grande forêt, qui va faire de leur périple une expérience intérieure, quasi mystique pour Gérard Janichon, qu'il célèbre avec un lyrisme non dénué de mélancolie.

"Généreux dans son indigence, magnifique dans son humilité, l'Amazonien abandonne cette terre féconde à la voracité des étrangers.(...) Installé dans son flegme naturel, il supporte le cours du temps avec une indifférence superbe. Et les siècles s'écoulent sans rien changer à son insouciance ni à son dénuement".

"L'Amazone coupe, pique, mord, ronge, attaque franchement ou insidieusement, puis envenime, pourrit. L'Amazonie renferme l'infiniment petit et l'infiniment grand. L'Amazone est voluptueuse et triomphante, l'Amazone est prodigieuse et sanguinaire, l'Amazone symbolise toutes les formes de la victoire de la nature sur l'homme (...) Même l'animal, si adapté soit-il, est soumis à la tyrannie de "L'Enfer vert". Pourtant… ai-je jamais été plus heureux qu'ici ?"

"Damien, 55 000 milles de défis aux océans", Gérard Janichon, éd. Transboréal

 

 

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